Nous souhaitions faire venir une pointure>. L'association Avenir-Industries ne s'est pas trompée en invitant Jacques Marseille. Historien et économiste, directeur de l'Institut d'histoire économique et sociale, professeur à l'université de Paris 1 Sorbonne et auteur de multiples ouvrages: son curriculum vitae est impressionnant. "Une sommité> résume Pierre Loreto, chargé d'animer le débat.

Jeudi soir, dans une des salles d'Utopolis, ce conférencier a séduit son auditoire par ses prises de position étonnantes, peu conformes à celles de la vox populi. Cet homme qui "adore lire les rapports de la Cour des comptes> est revenu sur le grand gaspillage étatique, fustigeant la gestion publique de l'argent du contribuable. Volontiers provocateur, Jacques Marseille a asséné diverses comparaisons pour étayer ses propos. Exemple: "Nous sommes dans une URSS qui a réussi. 54 % des richesses sont gérées par l'Etat>. Un constat qui suscite chez lui pas mal d'inquiétudes: "Sommes-nous pour autant mieux éduqués que dans d'autres pays européens? Avons-nous un taux de chômage inférieur? Une meilleure santé? Moins d'insécurité? Notre dérive de la dépense publique fait de nous un pays obèse>.

Adapter les mentalités

Le spécialiste est également revenu sur la fracture sociale, signalant au passage que les Français étaient beaucoup plus riches qu'ils ne le pensaient: "Le patrimoine moyen des Français est de 250 000 Eur. Le rêve de devenir millionnaire est une réalité pour la moitié d'entre eux>. Parallèlement, la culture du travail est de moins en moins évidente: "En France, le travail est devenu une denrée rare. On privilégie les études longues, les plans sociaux pour les plus de 50 ans et pour les autres on réduit le temps de travail>. Un constat qui ne rassure pas l'économiste, surtout lorsqu'il se penche vers l'avenir. "Notre espérance de vie ne cesse d'augmenter. Il faut repenser nos systèmes de protection sociale, de santé ou de retraite en fonction de la démographie. Nous devons adapter nos mentalités et nos institutions. Notre Etat Providence est aujourd'hui inadapté à notre calendrier de vie" conclut le conférencier.